Nous ne sommes finalement pas allés au restaurant. Pour quoi faire ? Se regarder goulûment pendant deux heures, sans pouvoir se toucher, se sentir , se renifler, se caresser ? L’étape n’était pas indispensable. Nous avons loué une chambre d’hôtel. Pas un de ces lieux pitoyables qui portent sur leur façade leur activité. Non. Un vrai bel hôtel, avec des draps frais et une superbe salle de bain.
Un hôtel pour couples mariés. Ce que nous ne sommes pas. Pourtant, on en avait l’air, avec nos vieilles habitudes et nos sales manières de gens qui se connaissent trop bien… Pas tant que ça en fait, hein.
Dans l’ascenseur, je t’ai vu sourire. Un sourire que je ne connaissais pas. Tu as mis ta main autour de ma joue, et tu m’as embrassée. Pas avec délicatesse, non. Plutôt un de ces baisers affamés, qui dévorent, qui engloutissent et bouleversent jusqu’aux orteils. Et j’ai été bouleversée. Emballée. Excitée. Prête à te suivre dans toutes tes envies.
Au troisième étage, tu avais déjà glissé tes lèvres dans mon cou, et tes mains sous mon pull. Au quatrième, tu bandais. Au cinquième, ma main avait défait les boutons de ton pantalon. Au sixième, nous étions arrivés. Chambre 69, ça ne s’invente pas.
Ce qui s’est passé ensuite, je n’aurais pu l’imaginer. Je te connaissais cérébral, pudique et réservé. Fatale erreur. Ou façade publique. Parfois, l’étincelle se produit, parfois pas. Là, je dirais l’incendie…
Les ceintures qui tombent, les vêtements qui s’arrachent, les regards qui se perdent, sans ciller. Les mains qui glissent. La langue qui joue, qui titille et caresse. Les cheveux qui chatouillent, la bouche qui explore, les seins qui frôlent. Le sexe qui se dresse, la peau qui frissonne, les lèvres qui s’entr’ouvrent. Les yeux qui sourient, les oreilles qui se régalent, les ventres qui se tendent. Les bras qui étreignent, le nez qui hume, le cou qui se révèle, l’épaule qui se plaque, les fesses qui ondulent, les doigts qui agrippent, les pupilles qui se dilatent, les corps qui convulsent. Les muscles qui se relâchent. Les joues qui rosissent.
Mon corps porte encore les traces de notre sauvagerie instinctive. Et à chaque fois que je croise tes yeux, je rougis encore.