Découvrez ci-dessous un cadavre exquis érotique, créé le 5 mai 2016, à Montréal, à l’occasion d’une soirée de rencontre, lecture et écriture autour de mon travail érotique, à la Maison des Ecrivains de l’UNEQ. Création collective par Frédérique, Diane, Stéphanie, Jean-François, Victoria, Caroline, Richard, Marika, Charles, Marie-Josée, Servanne, Maya et Nora.
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A l’aube, corps nu s’étire sous les draps. Une femme. Ses reins sont électriques d’envie. Son ventre a faim de plaisir. L’hiver lui donnait envie de chocolat, le printemps donne envie de sexe. C’est important d’écouter ses envies, non ?
Elle s’habille, impatiente de retrouver les ruelles ensoleillées, de sentir le vent qui caresse le cou, le soleil qui chatouille l’épaule. Elle hésite un instant : dévoiler son cul d’une culotte légère ou rester nue … Avec un petit sourire en coin, elle choisit la nudité.
Elle quitte son appartement, au deuxième étage d’une de ces rues typiques de Montréal. Sa jupe vole quand elle descend les escaliers de fer forgé, révélant aux écureuils une cuisse au galbe troublant, et un sexe à la toison légère.
Elle marche à travers rues, elle cherche un petit café ou un bar qui sent bon.
Elle voudrait de ce jus noir et corsé qui réveille l’âme et tend les reins. Près de la grande bibliothèque, elle trouve son bonheur : un bar étroit, tout en longueur, une banquette de bois, et des vapeurs enivrantes de grains torréfiés.
Elle s’installe sur la banquette, sa tasse fumante posée là, son sexe écrasé sur le bois.
De l’autre côté de l’allée, un homme savoure un double allongé, en lisant son journal d’un oeil distrait.
Et si aujourd’hui, elle se faisait chatte et lui souris ? La chance est belle, l’endroit désert… Par jeu, ou par défi, elle écarte légèrement les cuisses. Dame Nature s’éveille et fait monter la sèvé, qui gicle sous forme de tire d erable qu’on aime sucer d’une bouche gourmande.
Prenant appui sur le dossier, elle bascule son bassin, ondulation légère du corps, délicat parfum de peau fraîche, sel et savon. Ainsi placée, elle sait que son voisin d’en face peut se régaler d’un spectacle qu’il n’a pas encore remarqué.
L’homme dépose son journal, et prend sa tasse de café. Leurs regards se croisent. Elle sourit, Cougar. Il rougit, Wapiti. Ce ne sera pas long.
Elle remonte légèrement sa jupe sur ses cuisses, laisse nonchalamment sa main posée sous la table. Pas la peine de s enfarger dans les politesses.
L’homme interrompt sa lecture, et reprend une gorgée du noir liquide – Charles. Il jette un coup d’oeil, un de ces regards qui se voudraient discrets mais ne le sont jamais, vers la table, les pieds, les genoux, les cuisses. Rougit un peu. L’affaire est dans le sac. Et notre féline de se réjouir : la chatte s’amuse de son poisson.
Le poisson en question, superbe mâle à la fesse qu’elle devine ronde et au menton presque doux, entrevoit la chair délicate de la cuisse. L’ombre douce qu’il devine sous la jupe a raison de sa lecture. Impatient, il gigote sur sa chaise, le sexe éveillé par la femme à la jupe rouge.
Quand la main de la diablesse remonte entre ses cuisses, il abandonne son journal. Respire profondément. Il faut rester digne, dompter le désir, calmer l’esprit. Ne pas chercher de réponses aux 69 questions qui se bousculent dans sa tête. Il cherche son regard. Par la fenêtre, elle fixe la rue, impassible. Sous la table, il le voit, elle caresse le velours pourpre de son sexe nu.
Il bande comme un fou.
Aguicheuse et provocatrice, l’allumeuse tourne la tête, enfin, et lui sourit. Il en mettrait sa main au feu, cette bouche-là invite à la débauche. A travers ses jeans, il sent la vigueur de son sexe, caresse légère, frisson électrique. Elle sourit toujours, enfonçant son doigt dans la moiteur de ses lèvres lisses. Il n’y a pas de raison pour qu’il résiste : ses doigts encerclent la base de son sexe, coulisse légère. Les lieux, le regard de cette femme, le risque d’être surpris ajoutent au frisson des parfums d’interdit. Face à face dans cette brûlerie, une femme, un homme, ont le sexe pris.
Derrière son bar, culotte trempée, la serveuse sourit.
Le récit semble bien plus cohérent et moins surréaliste que les cadavres exquis « classiques ».
Quel était le dispositif créatif ?
L’exercice n’était que de mots… Chaque membre du public a reçu un extrait de texte, à traduire selon ses mots et expressions. Le cadavre n’était donc pas tout à fait raide, avant d’être ainsi découpé !