Troubli

Il faut dire.  Ecrire. 
Raconte. Vois le beau même si l’horreur. 
Trouve sens au monde, ou renonce.

Alors un journaliste est mort. 
Une femme a joui. 
Des villages meurent. 
Trois pandas sont nés. 
Mendelson sera dans ma ville dans quelques mois. 
Le petit chat est mort.

Votre sexe me fait mal et bon, comme le monde, Monsieur. 
Mal dans son absence, quand votre corps 

s’îlance. 

Mal dans la fièvre, quand vos reins s’emballent sans moi. 
Joie dans la fièvre, aussi. 
Et la jouissance, cette promesse fantômatique, à vos râles encore, s’annonce ou s’enfuit, selon que votre main claque ou joue, selon que mon ventre, selon que mes seins s’écrasent sous le poids de votre corps. 
Tu sais, My Dear, ta bouche m’emmène aux cieux, la douceur me régale, mais 
la 
rudesse 
m’attache. 
Ce corps que je connais si bien, trop bien, me surprend encore à trifouiller mes tripes aux heures sombres, à apaiser mon sexe aux impatiences de vivre. C’est là que je vis. A l’ombre d’une maison soleil, sans bruit, un trésor sous les nuages, un pays de pluie. 
Quand la fenêtre se referme, et que ma peau s’enroule autour de ses hanches, toutes les promesses futiles, toutes les ivresses illusoires, tous les drames du monde cessent. Mon corps s’ouvre, le plaisir me noie –ou peut-être pas, mais est-ce chaque jour essentiel ? 
Parfois pardon, le bonheur nous dégouline, comme un sexe plein, comme un sein frissonnant. 
La joie me dévore. 
C’est ce fragile instant, quelques secondes d’absolu, à peau presque douloureuse et épaule mordue, à sexe labouré et corps infertile. 

Cet instant, nous avons oublié le monde.

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