Il y a ces journées d’exaltation incontrôlée, où le désir nous traverse, peu importe le lieu, l’urgence de jouir, l’attrait de l’interdit, le grand air, les voitures, et toutes ces situations parfois bucoliques, souvent scabreuses, où le sexe relève de la discipline olympique, passionnante, certes, mais … Mais. Mais il y a aujourd’hui. Une journée de labeur, où la pensée s’adapte, et le corps se soumet, une journée noire, battue par l’eau, une journée triste, où le temps nous mange.
Je n’ai pas beaucoup d’envie, si ce n’est la tendresse bordel. Abandonner mon armure de lettres et de mots, et poser ma tête sur ton épaule. Juste étendre mon corps, le long de tes muscles noués, relever un peu le menton, et t’embrasser délicatement, avec la douceur des chagrins immortels. Les heures bleues nous immobilisent, dans une fragilité nouvelle. Je pourrais fuir, me réfugier dans le silence ou faire l’ourse malade. La vie nous éloignerait, on ferait comme si de rien n’était, attendre la mort en regardant passer les trains sur le quai d’une gare de banlieue.
Ce n’est pas la vie que je veux. Je reste là, le nez dans ton cou, et je ne bouge pas. Je ne partirai pas. Je laisserai ma joue au creux de ton épaule jusqu’à ce que les larmes se tarissent, et je prendrai ta main comme on oublie le temps. Et quand tu seras fatigué de tout, nous nous allongerons calmement, dans l’emboitement de nos carcasses vieillies. Nous penserons à ceux qui nous ont quittés, un soir ou un matin, et à ce que nous avons laissé derrière nous, à chaque carrefour. Tu me serreras dans tes bras, ta main rude sur mon sein, comme pour te rassurer, là où la peau est la plus fine, où les veines palpitent.
Parce que la vie arrache, je me colle à toi, pour me rassurer des abandons du monde, des décisions fragiles, de nos constructions d’équilibristes. Je cherche tes mains, et ton sexe gonflé, comme on rentre chez soi, comme on boit de l’eau quand on a soif, comme on aime quand on a mal. Dans le silence, absolu, nos corps se réconfortent. Tu es dans mon ventre, et c’est le meilleur endroit où tu puisses être ce soir. La larme qui coule sur ma joue n’est que le souvenir de ma propre mort.
..Pour moi, il s'agit là de l'expression a l'état brut de l'Amour. De bien belles images dans ces mots…<br />Chacun est seul, c'est la seule chose qui nous permet d’être a deux.<br />Ray…
Merci, euh… Anonyme ? Je préfère tellement savoir qui me parle !<br /><br />Par contre ,permettez-moi de ne pas partager votre conviction… Je suis seule, nous sommes seuls. Chacun. Toujours. L'Autre, celui qu'on aime, d'amitié ou d'amour fou,qu'il soit verbe ou chair, peut comprendre, accommpagner, caresser, soulager, épauler, soutenir, … Mais nous sommes toujours seuls.
J'adore: "dans l'emboitement de nos carcasse vieillies"…Tu ne seras jamais seule, accompagnée que tu es par les mots…Et les meilleurs !