Les pieds dans l’eau, les mains dans le sable. La vie entre deux monde, comme la tête et le cul. Comme les paradoxes usés, les mondes à l’envers et la laide beauté.
Je dépose des petits cailloux sur le chemin de l’envie. Baiser dans mon cou. Il sourit. Caresse sur mon sein. Elle dit oui. Le jeu se promène de l’un à l’autre, les désirs fantaisie d’un jour sans fin.
Les corps si peu vêtus, les cheveux emmêlés, doigts, bouches et langues. Ce troublant baiser de la femme aux yeux sombres comme la nuit, brillantes pépites quand son cœur sourit, femme brute aux doigts usés d’envies. Au loin, une guitare, un cajon, des rires. Il y a du bonheur par ici, tu sais. Il y a des gens libres, et des peaux moites. La vague sur mes pieds, fraîcheur. Je regarde le ciel, soleil de minuit. Il fait clair comme en plein jour, solstice. Puisque la nuit nous a oublié, nous danserons l’été, nous mangerons des sexes, gorgée salée et menthe poivrée, caresses offertes et baisers volés.
Entre les notes, il y a les bruits du feu, crépitements, craquements, parfums de guimauve grillée, thé au rhum brun. De temps en temps, une volute me fait rire, l’ivresse que je respire, et j’oublie la pudeur. J’ai un sexe dans la main, un sein sous les yeux. Les corps allongés sur le rivage, nous luttons pour la joie, un baroud d’honneur pour la beauté du monde, une volontaire futilité, le plaisir des corps pour oublier la laideur des barbares. Nous sommes cinq, vingt, cent, à ouvrir les bras sans bruit, à donner ce qui ne coûte pas, ce qui n’a pas de prix, ce qui ne se monnaie pas, un éclat de rire dans la nuit.