D’abord il y eu le silence. Mon corps ne répondait plus, souffrance brûlante, qui coupe les jambes, oblige à mordre le bois pour taire le cri. Refermer les yeux, fuir le monde, s’enfermer dans l’enfer. Puis la drogue, et ses effets étonnants. Le verbe libre. La pensée dite, sans filtre, le cœur au bord des lèvres, sans aucune de ces précautions oratoires qui nous préservent de trop d’audace.
Et chimie encore, qui mélange rêve et vie. Et l’esprit voyage, et les liens se tissent entre mes obsessions joyeuses. Et cette idée bizarre que peut-être les vibrations soulageraient la douleur. Avec des mots doux et beaucoup d’imagination, oui. Et même une certaine impudeur à vous confier l’émoi de mes hanches, mon bassin timide qui s’échauffe, dont joie noie la douleur… Et vos yeux. La carapace dissoute par l’envie, le corps exultant dans de rudes fantaisies, prise primale, profonde, forte.
Et provoquer votre plaisir à me regarder jouir. En jouer encore, fantaisie, exposer les chairs humides à vos yeux ravis, et la douce coulisse qui réjouit le ventre, vous donner à goûter la mandarine et le sel, ma vie d’agrume, fruit volé.
Jouez donc, mon cœur, de ces petites folies, de ces heures dérobées à l’ennui, et ces vies imaginaires, nous voyageons entre les mondes. De l’intime absolu, du soi à soi, vous con-vier, créer ce lien d’une confiance inédite. Peu importe la grimace qui tord ma bouche aux flammes intérieures, peu importe la douleur qui subsiste, traitresse au bonheur, seule et complice, je fais jouir mon corps sous vos yeux chavirés, mécanique volupté, rythme saccadé, la main danse comme vous, fesses cherchent vos doigts, bouche vos lèvres. La main sur votre sexe droit, vous souriez.