Dans un monde à l’envers, où la réalité a parfois écorché les mots, il est temps désormais pour le rêve. Nora, désarmurée, entend tomber le masque et porter droit devant la peau, au creux des désirs. Abandonner l’enveloppe pour laisser s’envoler le contenu, dans la brutalité tendre de vous. Vous qui percussionne deux tu, le tutoie et le tue-moi. Tu me vouvoies le corps, dans la sueur de cette nuit bleue, voile d’un soi impudique sur nous.
Choc de nos mondes, entre la poésie de tes lettres tendres et mes mots nus de corps durs. Collusion faciale d’un sexe dans l’autre, bras et jambes emmêlés dans une symphonie sombre, où les dents ont plus de souffrances à taire que de morsures à voler à tes épaules sans carrure.
Dans la chaleur de tes cuisses accroupies, je dévore ce désir détouré, antalgique sel de tes heures solitaires, où mes regards muets refusent de jouer. Autour du terrain, des objets disparates, treize à la douzaine, des plumes pour frissonner, des foulards pour délurer, des yeux pour toucher, des fouets pour caresser, et des innommables pour régresser. Parce que chaque émoi naît de ces rencontres improbables, entre une peau tendue et un pinceau léger.
Quand dans ce monde de bavards, le moment prive les mots de leurs décours, que le silence est seule monnaie d’échange entre les chairs brûlantes et les yeux baissés, quand posséder n’a plus de sens que physique, dans la tension extrême de l’insoumission des corps, à l’heure où les âmes ont enfin oublié la raison… alors la maison vide résonne de soupirs affolés, de chuchotements inarticulés, de gémissements sauvages, ceux de la femme qui court et ceux de l’ami des loups, dans une implosion aussi sublime qu’irréelle, aux allures de composition improvisée.