Vous connaissez, n’est-ce pas, de ces musiques entêtantes, qui tel un ver, se faufilent dans nos pensées, empêchant toute concentration ? L’adage veut qu’il suffit de les écouter pour libérer l’esprit. Succomber au vice pour apaiser la tentation.
Vous êtes mon ver. Entré dans mon esprit, d’une nudité nonchalante, vous promenez votre sexe dans mon imaginaire avec une indécence de conquistador. Comme on résiste au chocolat, comme on s’impose la politesse, vous êtes mon vice.
Parfois, je suis cette fille de mauvais genre, qui s’approche trop près, insiste sans pudeur et jouit violemment. Je glisse mes mots dans vos silences , comme un soupir entre les côtes, un murmure au creux des reins, une fulgurance dans le sillon sombre de la colère. Je creuse les sens, cherche le fil du désir, la faille brutale.
Je garde pour moi les blessures. Aujourd’hui nous célébrons la joie. Elle préside à nos abandons, elle éclaire nos morsures. Rire, rire pour savourer, sourire grand des secondes heureuses, fragiles, précieuses. Sur la table, quelques pages d’une plaisanterie tchèque. Les éclats bruissent comme les riffs de la vie entre mes lèvres. La sueur se noie dans les draps de coton blanc, et parfume la chambre de nos corps et de nos mots. Il n’y a pas de temps autre que l’urgence, le regard qui s’émeut, dans le petit matin, un râle long, presqu’un souffle, le filet de voix, lâche prise. Et jouir les yeux ouverts.
Prenez la force, prenez le sourire, prenez le grain de sel au bout de mon doigt. Léchez. Goûtez. Et votre salive source dans ma bouche, et votre langue sur ma lèvre inférieure, et les dents morsure d’envie. Et vous vorace, vous gourmandise, vous me sourire. D’un claquement de doigts, vous commandez à mes reins le creux, et dardez d’envie à l’orée du bois.
Il y a parfois ces étincelles de force pure, quand ensemble nous créons un autre monde, celui où les corps se rejoignent, et les masques s’oublient.
Quand vous quittez mon lit, après le désir ou la frustration, ma nuit danse encore. Il m’arrive de vous imaginer me pilonnant le sexe d’une levrette très enjouée, votre main agrippant mes flancs, vos mots voraces, vos grognements de plaisir.
Parfois, nos corps gagnent.
Intéressant
Bonjour Nora, merci, j’adore comme à chaque fois 🙂
Frédéric