Une aventure sans demain.
Voilà ce que tu es.
Un corps.
Un sexe.
Je t’observe depuis quelques minutes, tu parades dans la foule, le verbe haut, la main traînante, tu planques tes regards derrière des sourires de façade.
Elles te regardent comme celui qui les chavirera pour une vie, en sachant que ça ne durera qu’un instant. Pas de promesses, pas de paroles même… Juste ton corps et le leur, ton corps qui remplit le vide de leur sexe, pour prendre son plaisir.
Choisir la femme du week-end comme on choisit une poule, viande blanche et tendre, la fesse ferme, le sein haut, des corps lisses qui rentrent dans des cases figées. Peu importe qui elle est, pour deux jours elle sera celle que tu veux. Celle en qui tu croiras, celle qui te satisfera. Celle qui prendra ton sexe dans sa bouche dans la pénombre, à peine déshabillé, en vitesse, sans fierté. Celle qui te donnera l’illusion pendant quelques heures d’être irrésistible. Pour chacune, tu seras une passade, celui qui ne cherchera pas au-dela de leur enveloppe à découvrir les trésors qu’elles ne révèleront qu’au suivant, et encore.
Emballement éphémère et sans fond, illusoire instant d’épilepsie synchrone.
Ce soir encore, tu en choisiras une, peut-être la même qu’hier, peut-être pas.
Tu lui diras combien elle est belle, intéressante, féminine.
En lui parlant, tu regarderas son corps plutôt que ses yeux.
Tu l’entraîneras dans le noir, pour qu’elle t’embrasse, te caresse, aventure ses mains sous ta chemise, te donne ce frisson minimum qui te maintient dans l’illusoire désir.
Tu attendras qu’elle s’émeuve, un peu, que son sein frissonne sous tes doigts pour déboutonner ton pantalon.
Mécaniquement, tu referas les mêmes gestes : relever la jupe, embrasser le sein, ta main dans son string, un doigt dans son sexe, puis deux, puis ta bouche et ta langue sur son clitoris, mais pas trop, juste pour qu’elle se sente obligée de te rendre la pareille, et puis tu la laisseras faire.
Excité à l’idée qu’on puisse te surprendre, tu auras une érection presque vaillante, bien que fragile. Elle n’en sera que plus dévouée à ta cause, convaincue d’être celle qui enfin te donnera un plaisir inégalé. Ce sera fade, presque banal, comme une habitude qu’on voudrait chasser.
Elle te mettra peut-être la main aux fesses, et tu jouiras sur son visage.
Elle gardera une goutte de ton sperme dans les cheveux.
Et vous appellerez ça faire l’amour.
Et tu diras que tu es heureux.