Oh tu sais, on leur donne le lait, puis l’espoir. L’aventure, la découverte.
On apprend à regarder les coccinelles, à goûter le bon chocolat, et puis à reconnaître les nuances de bleu.
J’ai tissé le fil des chansons de fées, des gros mots incongrus, des histoires de petite taupe ou de vampire. Ensemble, nous avons dansé dans la rue, nous avons regarder les arbres changer, nous avons raté des gâteaux et vidé des pots de glaces.
J’ai regardé avec méfiance ce crapaud qui rend la princesse grenouille, et cette blonde qui faisait boucler les rêves… J’ai obligé un pull, effacé un maquillage volé, redouté la première virée, reniflé la première cigarette, et l’alcool maladroit. Séché les larmes des premières amours, puis expliqué la vie, les drames et les dangers.
Et puis un jour tu n’as pas vu, les princesses sont devenues sirènes, les chevaliers jouent au voyou. Tu n’as pas vu mais les coeurs ont un peu saigné, tu n’as pas vu mais les corps sont devenus grands, et les rêves tout autant.
Et puis un jour l’oiseau s’envole.
Et malgré tous les sermons, malgré tout l’amour autour, l’oiseau se vautre lamentablement dans la flaque de boue…
Tu ne sais pas quelle marche tu as manquée, quel signe tu n’as pas vu, quel avertissement essentiel tu n’as pas donné. Et tu ressors tes mouchoirs et tes chocolats, tes histoires de petite taupe, et tes musiques d’autrefois… Ce sera pour la prochaine fois.
Les mots tombés du lit : loup, coccinelle, rêves, chevalier
C’est beau…