Il y a cet homme, aux mains d’ours, à la barbe hirsute, ce monstre du froid au regard si trouble.
Il y a ce désert, blanc, lumière et vide, cet appel insolent à l’évasion téméraire,
inventer la suite plutôt que rêver, et créateur présomptueux,
imaginer les terres, les fruits du labeur, les peaux tannées, et le géant au corps doux, nu, d’une vigueur rare.
Il y a mes seins qui frissonnent, comme le vent caresse, et ma bouche qui se noie de l’air glacial. L’homme. Debout, immense, colossal. Mes pieds tremblent un peu, pourtant le ballet se poursuit, valse indécise ou tango fiévreux, musique silencieuse, deux corps nus et enlacés dansent sur la neige de mai, tapis de pâquerettes givrée, chatouille mes orteils.
Alors siffloter la chanson, être le vent qui ondule des hanches, en faisant
. . . . . . des si
. . . . . des la
. . . . des sols inégaux, comme un parquet qui grince, j’ai toujours chanté faux, en fait non, mais il faut aimer l’originalité, je préfère casser les règles, détruire les accords académiques, plaquer des dièses sur des ré et embrasser à pleine bouche les femmes trop belles
Alors je dépose la nuit, et j’enlève le blanc dessus ma peau, ma transparence, tu sais, de ces femmes qu’on ne voit pas, il n’y a que nue sur la banquise que,
Alors je ne suis plus qu’une bouche, vorace rouge volute volupte sourire de biais pas caduque, et
lèvres écarlates sur sexe vigoureux
sur les genoux tandis que les cuivres font des
do do do
tandis que les peaux percutent, les mains du géant sur mes chairs bleues déjà,
tandis que
Alors je mange son sexe, comme un frisko géant, une évasion, entre-acte.