Vous êtes debout, là, triste et contrit, silencieux. Nu. Vous êtes rentré trempé de pluie, comme un chien sans collier, Loup.
Je vous regarde. Je pense
Je pense aux petites morts, aux extases partagées, je pense au sexe du petit matin, aux mots que je refuse d’écrire, et aux tendresses humaines, aux heures à vous écouter, et à celles à vous manger, quand votre chair dans ma couche prend vie et forme, quand votre peau frissonne et s’ébroue de vie.
Je pense à l’effroi, quand pour la première fois vos yeux se sont chargés de noir. Bang bang.
Je les reconnais désormais, ces heures rudes, les instincts barbares, vos regards insultés, vos mots crus et vos airs de capitaine outragé. Ces jours où une autre vous a mené par le bout du nez, a décidé pour vous si votre viande sera crue ou semelle, si votre café serait noir ou lait, si vous pourriez regarder ses cuisses sous sa jupe trop courte, combien de temps vous devriez attendre avant d’effleurer son sein, si elle vous obligerait à la regarder jouir sans vous.
Chaque jour apporte son lot, Monsieur.
Ne sanglez pas votre chair si fort, vos cuisses en gardent les marques.
Quand vous revenez dans cet état, je ne peux rien pour vous. Peut-être devrais-je vous interdire de sortir, vous garder tout le jour près de moi, couché nu à mes pieds.
Vous avez été un méchant garçon, c’est vrai.
Et je devrais vous punir de cela. Vous refuser ma peau, et mes mots doux, et mes baisers langoureux, mes caresses à votre sexe dressé, mes mains sur vos hanches, vos fesses, vos cuisses.
Je ne devrais pas non plus vous laisser approcher de mon ventre, monsieur, ni tendre votre langue entre mes cuisses tandis que vos mains malmènent mes seins.
Non, je ne devrais pas regarder votre sexe se redresser, ni fléchir les cuisses à vous tendre mes reins, ni ouvrir la gueule et hurler tandis que la lune enfin.
Sortez le fouet, faites donc. Je ne crains rien. Tendez-moi le cuir noir, que j’entende l’air siffler entre ses tresses.
Mais Monsieur, ne m’obligez pas à vous apprivoiser.