Il y avait ce désir policé, le petit doigt plus droit que le sexe, les mots crus qu’on murmure dans l’hypocrite rougeur, le désir inassouvi de jurer, crier, hurler, à l’extase qui dévore le corps.
Hier, j’étais, dans mes gènes encore je suis une fille de bonne famille.
A jouissance, à peine je soupire. Je suis la bise au bord du lac, quand je rêve des tempêtes d’océan, je suis la plage de Provence quand je rêve d’Alaska, je feins la tiède tapisserie, quand mon corps est bleu Klein.
Je ne couche pas. Je ne baise pas. Mais je copule, voire je fornique, si d’aventure ma bouche vous effleure l’anus. Mais j’aime le blanc, et le noir, ces contrastes parfaits entre peau de lait et toison sauvage, quand le parfum de sexe exhale du poil, acide floraison, agrume de ton ventre, mandarine salée. Cela n’a rien d’inné, tout m’a été appris.
Étriquée dans une vie d’hiver, j’ai choisi le printemps. J’ai pris l’air, le large, la route. J’ai choisi l’ivresse, et refusé les couverts pour manger les fruits. J’ai choisi un homme, un bel homme, un de ces êtres aux doigts délicats, au sexe large et raide, qui remplit le ventre et chahute à l’envi.
Un matin, j’ai retiré mes souliers. Au fond du jardin, le vert, les arbres, nous nus. Il n’y a plus que l’herbe sous nos pieds et les vaches au loin. Le ciel jaune nous couvre d’or. C’est étonnant, ce silence. Il y a quelques cris, des grands bruits d’eau, sans doute d’autres femmes se baignent au bout de la colline.
Je danse l’indécence, les humains complices. Les reins creux nous invitent à délier les cuisses. Faites place à l’alcool de mon ventre, enivrez vos doigts, servez-vous sans gêne, buvez, buvez donc ce vin d’été léger, sortez la langue, humez les humeurs, goûtez-vous ces épices flatteuses, ces laitances poisons ?
La joie vous reprend, l’Homme, vous bandez comme un lion. Il me tarde encore de tâter du bâton. Je vous tends la croupe soyeuse, et le cuir tendre de mes fesses. Doucement, l’Homme, doucement. Insère ta raideur dans mon con détrempé, pas plus loin qu’un doigt. C’est là, juste là, que le velours s’enflamme, le souffle se mue en chant de sirènes, sous la coulisse légère de votre vit courbé. Les cris des femmes, tu sais, appellent la pluie, quand elles jouissent, sorcières, pour nourrir la terre.
A chaque fois qu’on me réduit, je retourne au vert. Je hurle sous la lune, je reprends la route et jouis seule d’un long cri. L’orage de mon ventre est ma plus grande force. Il retentit ici, là-bas, dans ton jardin et sur nos vies. S’il pleut dehors, souviens-toi : quelque part, en cet instant, une femme jouit. N’est-ce pas merveilleux ?
L’orage est partout ces jours-ci. Je rentre à peine à la maison, trempé par l’eau du ciel.
votre texte ouvre des perspectives merveilleuses sur l’eau du ciel, le gris froid que l’on traverse les yeux baissés pour vite retrouver le sec.
Ces mots de votre plume, ils découvrent un territoire secret de la pudeur balayée, de la tempête cachée derrière les paupières et le frisson de la peau.
Ils sont beaux, ces personnages qui se livrent l’un à l’autre, et qui plongent dans leur frénésie secrète et majuscule.
J’ai pensé à ce personnage du film https://fr.m.wikipedia.org/wiki/De_l'eau_ti%C3%A8de_sous_un_pont_rouge
C’est comme si votre texte nous disait le mascaret des sensations, des impulsions, qui surgit avec l’eau du ciel.
Et c’est beau, c’est exaltant.
Merci.