J’ai enlevé la pensée, ça fait un vide sauvage, brutal, qui se libère de tous ces freins qu’on se met, à soi et à toi. Et si je pouvais juste sourire et que dans mes yeux tu voies le désir. Et si je pouvais juste boire de l’eau et apaiser ma soif, manger un fruit et apaiser ma faim, être pénétrée et apaiser mon désir. Le corps qui frémit et appelle à la complétude. Vide du trou, palpitation du ventre, moiteur odorante. Ne plus signaler les chemins, décadenasser les sens et ouvrir les oreilles. Entendre les senteurs, toucher les mots, volontairement abandonner sur le pas de la porte ce que je crois savoir de toi. Je ne sais rien. Je ne connais pas ce corps qui s’étire tout en souplesse, liane surprenante que retient la peau. Je ne connais pas cette odeur, délavée du savon qui la masque, cette texture de peau est nouvelle pour moi, on dirait … je ne sais même plus à quoi tu ressembles ou comment je t’ai reconnu. Je ne sais pas comment tu fonctionnes, ce qui te plaît et où te toucher. J’essaie, j’observe, tes réactions, tes ondulations, tes silences. Je ne sais plus de quoi tu es capable ou pas : maintenant tu peux me surprendre. Et maintenant je peux aussi être celle-là qui goûte à ta chair avec une curiosité tendre, ou gourmande, comme une moi sans mes mots armures balises. Je suis celle qui oublie de cacher-masquer-contrôler tout pour laisser le corps prendre les commandes, le sein qui glisse dans ta bouche, la main qui enserre, le ventre qui accueille, la sueur qui brûle les yeux, les odeurs mélangées, je ne sais plus si matin ou pluie, je crois peut-être aïe, je ne crois plus, un souffle se perd autour de ta nuque détour tu m’emmêles et me démêles les ongles crissent doux mon dos se cambre, tu te cabres tu as oublié tes peurs et tes codes sont périmés il faut se manger aujourd’hui, la peau et le sexe, demain n’existe pas. Rires, sourire, léger et silence, fleur de soie noire dans corps farouche impact.