Il y a, tu sais, de ces hasards de vie, de ces moments absolument imprévus où tout concorde pour t’offrir un instant où la vie prend sens. Maintenant.
Allez, je te raconte, car l’histoire est très belle.
J’ai eu cette chance, au fil de ma vie, de croiser des femmes d’exception, de ces femmes à la générosité sincère, qui, chacune selon sa vie, son identité, sa force, sa sensibilité, m’ont donné quelque chose d’unique, et de constitutif de la femme que je suis aujourd’hui.
L’une m’a donné le verbe, l’autre l’imaginaire, celle-là la tendresse, celle-ci l’intuition, elles l’amour ou le désir.
Parmi toutes, une m’a ouvert l’âme aux rêves, à la magie de la fantaisie que l’on s’autorise à imaginer. J’étais toute toute petite, à peine plus d’un mètre, elle me contait des histoires avec tant d’étincelles dans les yeux que j’en rêvais la nuit. Au petit matin, des poussières d’étoiles m’attendaient sur la table de nuit. C’était il y a 35 ans.
Parmi toutes, une m’a sauvé la vie. Alors que nous étions dans une relation qui soigne les bleus de l’âme, elle a senti, bien avant mon docteur, que ma chair était malade, que le ventre hurlait à la mort, que le crabe rampant avait repris corps. Sans savoir ce qui m’attendait, elle m’a envoyé chez l’homme-médecine, parce que son attention, son soin sincère étaient en alerte. Quelques semaines plus tard, j’étais prise en charge en chirurgie, opérée, amputée d’un peu de féminité mais en vie. Nous nous sommes perdues de vue. C’était il y a sept ans.
Ce soir, je participais à un atelier de femmes autour de Clarissa Pinkola Estès, à la bibliothèque de ma petite ville. Une auteure qui a elle aussi marqué profondément mon regard sur le corps et la féminité, une auteure que je recommande les yeux fermés à toutes les femmes, et aux hommes qui les aiment. J’ai offert « Femmes qui courent avec les loups » à la moitié de mes amies.
Ce soir donc, je participais à cet atelier.
A ma droite, une collègue dont j’estime profondément et le travail et le regard empreint d’humanité. A ma gauche, un visage familier. C’était cette douce sourcière, cette femme qui écoute les corps autant que les âmes, celle qui a vu la maladie à temps. Emotion.
A côté d’elle, une dame plus âgée, que je ne reconnais pas. En l’entendant se présenter, je comprends. C’est elle. La fée bienveillante qui prenait soin de mes rêves, celle qui était jeune étudiante quand j’étais toute môme. Ma baby sitter.
Tu vois, ce soir, je trouve que la vie est sacrément émouvante.
Toi que j’ai aimée, ici ou ailleurs, toi qui m’a aimée, là-bas ou peut-être. Merci.
Les mots tombés du lit : temps, intuition, féminité, choyée