Ce soir, la vie me ronge, mon âme. Elle dévore, gratte, trépigne, hurle presque aux frontières de mes lèvres, indicible colère et pourtant. Il y aurait tant à haïr, toutes ces vengeances minables, ces cris de dégoût face aux bassesses d’ici.
Je ne peux pas. Je préfère aimer.
Tu sais, nous avons tant rêvé au monde, nous avons tant imaginé cette vie d’adulte, comme on dessine les contes de fées. En abandonnant l’histoire à ses dérives, sans imaginer un instant qu’elle pouvait être sombre, et bien souvent c’est ce que j’écris. La douceur de l’abandon, et le corps qui jouit. Oh comme je voudrais que cela suffise à nos joies.
Et puis il y a la bêtise humaine, ce magma de haine, ce ridicule de prétention, ces hommes à l’âme sombre, aux vies en noir et blanc, que la vue du sang rend fous.
Tu sais, les petites blessures du quotidien, elles abîment ma vie. Je les laisse glisser, comme si j’avais du cuir, mais ce n’est que ma peau. Ca arrache.
Et un jour, deux, trois, la vie tire à boulets rouges, avec la violence de la folie ordinaire, avec l’inconséquence des sans-lois, avec l’écume au bord des lèvres.
Ces jours-là, je cherche, cherche encore, dans les mots ou le rêve, la beauté du monde.
Montre-moi.