A l’heure de choisir l’atour décisif, je reste perplexe. Ils sont dix. Grands. Beaux. Rassurants. Dix hommes à l’oeil vif, la peau douce au creux du cou, la carrure, la prestance, parfaits. Et je dois choisir. Pourquoi l’un plutôt que l’autre ? Et pourquoi se limiter à un ? Quelque chose entre le ventre et les reins, une vérité électrique, une impulsion de chair, un sourire immédiat. Lui. Ce sera lui. Ou lui. Attendons.
Trois pas de danse. Je suis joyeuse comme la nuit qui viendra. Et silencieuse. Mes yeux s’en donnent à coeur joie. Cou, torse. Je guette le mouvement, le halètement léger. Là-haut, la première étoile apparaît. L’épaule qui s’étire, le muscle fatigué, le corps a besoin d’un temps pour se poser. Chut. La colonne déroule, la peau luit, phéromones et sueur. Instinct. Claquent les pieds sur le sol, les mains immenses, les cris qui rythment les pas.
L’étoffe tombe, les corps s’exhibent comme coqs, et … je ris. Ce n’est pas mon monde, je ne suis pas celle-là. Et pourtant, je me surprend à creuser les reins, à claquer le talon, à dresser le sein, à rêver de ces robes à volants et de ces longues soirées d’été, au coin du feu, comme autrefois, quand la famiglia sortait les guitares pour accompagner les criquets. Le temps, mon ami.
Les mains claquent sur le plancher, les lampions s’allument. Entre chiens et loups, le ciel est devenu bleu profond, mes yeux sont luisants. Il me vient une de ces fièvres gitanes, les évidences des corps brûlants. L’homme qui danse en face de moi. Ce sera celui-là. Je détaille les contours du tissu sur son corps. Quand ses pieds rebondissent sur le bois, le ventre se creuse, les reins balancent comme un corps en rut. Sur l’épine de sa hanche est tatouée une plume de paon. Mes cuisses s’entrouvrent déjà. J’ai fait mon choix. Danse, Monsieur, danse pour moi. Montre-moi le rythme de ton désir, est-il lent et tendre, de murmures et de sourires, de caresse légères mais pas trop, d’étreintes pures ? Est-il rude et claque sur la cuisse, la sueur dans ton dos, et tes doigts qui s’agrippent à ma fesse ? Est-il de ces mécaniques contrôlées, où la liberté oublie de s’inviter ? Riras-tu comme joie, ou rougiras-tu d’être moins libre que moi ? Et quand ton plaisir montera, des reins vers la peau, le souffle court, le harpon pulsant la vie, le début de la fin, tes yeux se fermeront-ils ? Ou dans le cri et l’émoi, dans le bonheur épileptique du corps qui se satisfait, oseras-tu garder les yeux grand ouverts ?
Je le savais déjà.
Réfléchir avant d’écrire
La génétique
Les musiques du jour
- Libertango de Piazolla
- François détexte Topor
- Why Me de Big Bad Voddoo Daddy
- Hey Man, Eels
- Zazie, J’envoie valser
- Beltuner Ame indigo
Merci à Aless786, Maîtresse Marika, Romain Boucq, Mermaid, Camille Eelen, LudoLudic, Dodouce et merci aux hommes généreux qui m’inspirent. Puisse la jouissance être sur votre chemin.
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