Tu as chaud. Ta peau, tes reins sont moites. Entre tes cuisses, les traces de vos plaisirs parfument le lit. Les draps humides. Tes cheveux collent dans la nuque, la sueur des heures intenses. Ton corps sent l’humain, bien plus que le savon. Tu sors un pied de sous la couette, cherche le frais, envoie ton bras par-dessus la tête. Ta gorge est sèche d’avoir gémi la joie. De l’eau, tu voudrais de l’eau. Mais tu ne bougeras pas. Contre tes fesses, il y a ce corps aussi brûlant que le tien, qui a lâché prise bien avant toi, et il y a sa main autour de ton sein, et, de temps en temps, ce léger mouvement du bassin. Et pour ça, juste ça : la magie de ce corps totalement abandonné contre ta peau, tu ne broncheras pas d’un centimètre, tu ne respireras pas trop fort, tu resteras lucide, les yeux grand ouverts fixant le plafond. A chaque fois, tu douteras de ta capacité à t’habituer à un corps dans ton lit, au sommeil partagé, aux ronflements légers, aux rythmes décalés, à tes rituels perturbés, à l’autre, en fait. Parfois, à l’aube, le temps aura raison de toi, de tes peurs et tes pudeurs imbéciles, des mots qui tournent encore dans ta tête, et tu fermeras les yeux, sans faire exprès, une heure, peut-être deux.
Mais il y a cet instant parfait où, les yeux demi-clos de sommeil, tu reviens au monde, sa main sur ton flanc, ses cuisses plaquées aux tiennes, un baiser sur ton épaule, et tu souris. Au petit matin, tes hanches dansent pourtant, et effacent la ligne entre son sexe et le tien.