A nuit, le froid dévore. Il dévore ma peau, le souffle moite se fige, petit glaçon au bout de mes lèvres. Tu dors là, tu dis ?
Viens, prends ma main, glisse tes doigts entre les miens, réchauffe un peu, ça fait mal, un peu plus, attends je souffle.
Marcher dans la nuit, comme voyager sans bagage, chercher le chaud ici ou là, perdre haleine en guettant la lumière. Nous irons des bois au lit. La route sera longue, tu sais, entre les heures polies et la femme sauvage. Mais nous allons d’un bon pas, votre hanche frôlant la mienne dans un rythme régulier. Nous cherchons la parallèle, comme les corps dansent, comme les vies complices.
Au détour de la rue principale, il y a dans tes yeux une lueur, comme un émoi, entre les côtes la vie s’agite, entre les cuisses le chaud. Je cours. Je ris. L’étincelle frétille au-dessus de ma tête, loupiote de fantaisie. Le silence moite du bonheur, je refuse de le nommer, tu sais, j’ai promis, ne donnons corps qu’aux envies…
Au loin déjà, ma maison, mon havre de joie. Je pourrais te donner trois sous, et te laisser là. Mais viens, il y a place, il y a bon. Un lit tendre, un peu d’eau, un thé chaud. Viens, ne reste pas là. On peut rêver, c’est vrai. Je choisis de vivre.
Beau. Je suis cent mots … L’ancre des maux qui trace sur la peau le vécu des rêves sans une goutte de sang comme encre.