La vie se démène pour me rappeler cette urgence simple de garder conscience, de prendre le temps de la pensée, ce temps essentiel qui a rythmé mes années d’étudiante, quand je passais la nuit avec Démocrite et Heidegger, bien avant que Nietzsche ne ravisse mon cœur.Et me taraudent ces questions existentielles, desquelles nulle réponse ne me satisfait.
Le sel de nos vies est-il l’émotion ou la sensation ?
Est-ce le plaisir que votre sexe me donne, ou la douce euphorie à vos mots délicats qui me ravit de la sorte ?
L’émotion se fait sensation, et l’image peine à rendre la complexité de cet état : le ventre qui se tord de joie, le sexe qui crie le creux, appelle à complétude, les seins qui réclament vos mains sont des sensations qui ravagent raison.
Je voulais écrire l’émoi. La douce impulsion. La sensation au creux du ventre. L’ivresse du désir. L’imperceptible présence. Le corps frissonne parfois, tu ne sais pas pourquoi. Comme quelques notes et reviennent les souvenirs diffus, parfois juste l’émotion.
Il y a la foule autour, et il y a vous. Il y a le voyage qui se dessine chaque jour un peu plus.
Il y a le désir qui s’affine au temps de vie.
Et cette sensation, encore, chaque jour. Le manque. Le manque de votre sexe serti dans ma chair. Comme le bijou précieux que je ne porte pas.
Je suis sauvage. C’est l’instinct qui me dit le charme de votre peau, c’est le temps qui me dit le sel de votre sexe.
J’ai mordu ma lèvre quand vos doigts ont effleuré ma chair. Rosée délice, votre audace vous emmène vers le sud. Sensation encore, ou est-ce l’émotion du plaisir ? Quand la peau s’enivre de vos caresses, que vous flattez ma croupe de mots tendres comme d’autres jurent avec passion, qu’un instant vos yeux sont mon ancre dans le doute, l’émotion est le sel, la vie nous colle aux joues des rires indécents, rien n’a de plus grande urgence que cette joie.
Le soir a refroidi ma bouche. J’embrasse votre main.
Dans vos yeux, l’émotion.
Dans votre paume, puis sur votre flanc, entre vos cuisses, sensations.