Je fracasse mes illusions, et sacrifie mes appétits sur l’autel de votre désir.
Je vous ai espéré, souvent, j’ai été déçue, toujours.
Parce que c’est le lot du désir, inexorablement.
L’ivresse du fantasme ne peut que s’écraser au sol de la réalité, ce premier baiser n’aura jamais le goût que nous avions si parfaitement imaginé, affinant au fil des rêveries ce qu’il devait être pour nous plaire, cet homme désiré ne saura pas comment me séduire, ce qui me fait fuir et ce qui me blesse, il ne devinera pas à mes silences si j’attends un signe de lui, ou s’il me comble d’allégresse.
Et terrible moteur, destruction et création de soi tout à la fois, ce qui me change et me construit, il y a ce que je pense devoir être pour être digne de vous. Cette exigence de moi. Bien sûr influencée par la mode, la voisine, la télé, ma mère, le porn, Karl Lagerfeld, Ikéa, la société décadente, la pression sociale, le monde, la vie quoi. Je serais bien tristement étanche de vivre sans être influencée par mon environnement ! Mais la première à douter de ce que je suis, à me contraindre ou me reduire, à me défier ou à me mettre sous pression pour être comme je penserais vous plaire, c’est moi, et moi seule.
Chaque désir que j’ai gardé en moi, poli comme une perle, affiné comme un parfum, que j’ai porté sur ma peau quelques heures ou quelques mois, chaque désir s’est délité, abîmé, effondré à l’instant même où il prenait corps, dans des souffrances d’âmes absolues, dans des larmes écorchées, dans des lambeaux cardiaques à vouloir que la vie s’arrête pour descendre.
Faut-il ne plus désirer, pour ne pas se faire mal ?
Faut-il ne jamais confronter désir et réalité, rester dans le fantasme et s’octroyer une vie imaginaire uniquement ? C’est ce que j’ai fait, longtemps.
Et puis il y a cet homme.
Il y a toujours un moment où “Il y a cet homme”. Un homme qui trébuche, qui se relève, un homme à plusieurs vies, un homme comme ceux qui me plaisent, un homme comme moi, un homme pour moi ? Vaut-il la peine que je réveille la louve ? Faut-il la laisser rêver encore, à ces voyages sans nom, comme la beauté d’un sourire, l’émoi d’une lèvre qu’il mord, comme sa main entre mes cuisses ou ses murmures qui m’enivrent ? Faut-il faire l’impasse et s’aveugler de tous ces signes qui, avant même que son sexe n’ait commencé à trembler, avant même que sa peau n’ait frémi, avant même que ses yeux n’ait souri, annoncent l’inexorable fracas ?
A chaque sortie dans les sous-bois de la vie, elle revient blessée, désabusée, avec des plaies à l’âme béantes mais cachées sous les sourires, avec des larmes plein les yeux qui sèchent en feux d’artifices, avec, parfois, des souvenirs précieux, qu’elle planque juste là, sous le sein, ce sein gonflé de vie, symbole devenu presque trop lourd à porter, qui un jour flétrira, laissant là la chair de la maman, oubliant la vie de la putain.
Louve, louve, y es-tu ?
Ou quand le Désir oscille entre l'absolu de l'éthéré § l'incomplétude de l'incarné, va § vient en clair-obscur où les frontières n'auraient de cesse de s'estomper ! <br />ps: L'Expert ès Pronostics Tout-Terrain qui vous écrit ces quelques mots est prêt à parier que la booby majesté de la Louve est assurément vouée à se jouer du Temps, avec Insolence § Volupté ! <br /><