Il fait froid… J’ai les pieds gelés. Les mains gelées. La peau gelée. Tu t’approches, et m’entoures de tes bras, mais je grelotte sans fin. Tu m’emmènes dans la salle de bain, mets le chauffage à fond, fais couler un bain. L’eau bouillante embrume très vite les fenêtres. Tu me déshabilles : pull un, pull deux, pull trois, pantalon de tweed, chaussettes, quatre en tout. Je frissonne encore plus. Mes seins se dressent à travers mon soutien-gorge de dentelle bleue.
Tu embrasses mon cou, mes cheveux, ma nuque. Tes mains, chaudes, fines, dégrafent la lingerie. Tes longs doigts font glisser ce qu’il me reste de tissu à mes pieds. Le contact de tes paumes avec mes cuisses est doux, je soupire… Tu aimes ça, tu me le dis, tu as envie d’entendre ma voix. Je ne suis pas encore prête, trop transie de la neige.
Tu m’installes dans la baignoire, remontes les manches de ta chemise, prends une éponge, et sensuellement, fais glisser le savon sur mon dos, sur mes seins, tu navigue sur ma peau. Mes frissons se font bien plus agréables, là. Tu descends le long de mon ventre, et étale la mousse généreuse sur mes jambes, mes chevilles, mes pieds. Tu ouvres le levier de la douche, et commences à rincer mon corps. Les gouttelettes me chatouillent, mais tu n’en as cure, tu remontes vers mon sexe, et diriges le jet puissant précisément sur mon clitoris. La sensation est légèrement douloureuse, je gémis. Très vite, pourtant, la pression se fait excitante, j’entrouvre les cuisses et écarte d’une main les lèvres de mon sexe, exposant à tes yeux et surtout au pommeau de douche mon clitoris à la limite de la jouissance.
Tu souris de me voir excitée à ce point, je décèle même une once de fierté, et une lueur inspirée qui augure de bien des plaisirs. Ton sexe tend ton pantalon, je le vois… J’ai envie que tu me rejoignes dans la baignoire, mais tu déclines, tu as d’autres projets. Tu me caresses, glisses un doigt dans mon sexe, attises mon désir… et de l’autre main, coupes l’eau, et vides la baignoire.
J’ai envie de ta bouche sur mon sexe, j’ai envie de ta peau contre ma peau, j’ai envie que tu me pénètres, là, brutalement, dans cette baignoire à moitié vide… Non, dis-tu. Tu me redresses, m’embrasses le bout du nez enfin réchauffé, et étrille mon corps avec une serviette éponge un peu rèche, qui me rougit la peau. Tu frottes mon dos, mes fesses, chaque parcelle de peau est soumise à ce vigoureux traitement. Tu me regardes bizarrement. “Ne bouge pas”. Je ne peux mal, nue comme un vers, excitée comme jamais, je ne veux pas bouger !
Tu t’absentes un instant, et reviens avec une pile de vêtements et accessoires variés. Tu hésites, un peu, mais tes yeux s’éclairent quand tu sors du tas une longue robe grise, une chasuble, et un voile de religieuse. Alors que je m’attends à des dessous aussi austères que les dessus, tu me tends un ensemble de lingerie virginale mais terriblement provoquant. Je sais que c’est cela qui t’intéresse : le vice sous le voile de la vertu. Tu me rhabilles fébrilement, je vois bien que le simple fait de ce rituel te met dans un état d’excitation que je ne comprends pas tout à fait. Mais soit, je serai celle-là, la Mère Supérieure… Tu me rabats le voile sur les yeux, et je m’en remets à toi en toute confiance. Nous sortons de la maison, mais je suis tellement désorientée que je ne reconnais pas la route que tu prends. Après quelques minutes, tu te gares. J’entends les bruits de la ville. Tu me prends par la main. Je me demande ce que doivent penser les gens autour de nous : un homme en costume cravate, et une bonne soeur, main dans la main, c’est un peu troublant… Je sens bien que le blasphème ne fait que commencer.
Nous montons quelques marches. Tu pousses une porte à battant. Le silence si particulier de l’endroit ne laisse aucun doute : nous sommes dans une église, évidemment… Tu me dis à l’oreille ton projet… Tu as des pensées confuses, tu dois te confesser. Et tu relèves ma coiffe, me rendant la vue. Je te regarde sévèrement. A ton air coupable, j’imagine déjà que je ne vais pas entendre des histoires très catholiques… Suivez-moi, te dis-je d’un ton ferme et sans concession. Je te fais entrer dans le confessionnal, et me glisse derrière la cloison ajourée. Je devine ton corps, et ne vois que ton visage, à travers une fenêtre austère.
Tu me regardes au fond des yeux : “Pardonnez-moi ma mère, car j’ai péché”. “Je vous écoute, mon enfant”… Et tu me dis ton désir, de te masturber dans ce confessionnal, de regarder mon visage pendant que tu te donnes ce plaisir en solitaire, et je comprends aux bruits de ta fermeture éclair, que tu n’as pas l’intention de t’en tenir à cela. Je suis troublée, et ne résiste pas longtemps à l’envie de relever ma jupe. Tes mots de désir, tes gémissements m’excitent, et je te dis mon trouble. Ton regard change. “Prenez le crucifix, ma mère, sa forme oblongue vous comblera”. Je lèche la croix, sous tes yeux ébahis, la bonne chrétienne dépasse le pécheur… Tes mouvements s’accélèrent quand j’introduis le corps du Christ dans le mien, dans une transe étonnamment mystique. En équilibre instable, nous partageons ensemble mais séparément ce moment de déraison des corps, toi, moi, et le petit Jésus. Dans un accès de liberté, j’exprime mon plaisir bruyamment, et cela suffit à déclencher ton orgasme. Tu éjacules dans tes mains. Par la petite fenêtre, je lèche tes doigts, pendant que tu me dis merci… Sans vergogne, je replace le crucifix sur son clou. Je me lève, et sors du confessionnal. Tu me suis. Tu me prends par la main. Nous rentrons chez nous. Lire un livre, sans doute.
Le corps du Christ dans le mien…
J’adooore !
Gourmande !
:-))