Dans mes voyages inédits, à l’abandon claviculaire, il y a un homme. Derrière moi. Dans ma nuque. Il y a son souffle au creux de mon cou, il y a ses mains qui m’enlacent. Il y a ma peau, et mes orages silencieux, il y a mon ventre et les vies créées, il y a son sexe. Il y a mon sexe.
Ne pas bouger, même pas, si peu… Respirer fort, la peau électrique, mon cou qui se tend au contact de ses lèvres, appétit caudal contre mes reins, abandon vital, emboîter les corps. Le laisser trouver le chemin, quand sa bouche suit ma colonne vertébrale, et s’égare quelque part entre mes reins. Explorer les âmes souriantes, les accointances de sens, l’entre-deux fantasmé, ouvrir une porte, s’y engouffrer sans réserve, ne rien risquer d’autre que tout, un absolu voyage vers l’humain, corps en découverte, apprivoiser cette main, nourrir cette bouche, partager. Arabesques fantaisistes, se laisser dériver, découvrir les rivages de peau, dissoudre les limites, mélanger les âmes, et créer, hors monde, entre le feu et l’eau, la fusion délicate.
Lui abandonner mon nom, mes yeux, mon ventre, ouvrir les mots à sa curiosité, ne rien contenir mais simplement vivre cette alchimie rare et précieuse, presque sans nom, anonyme curiosité, plume offerte et dissipée. Garder le meilleur à l’abri des regards du monde, quand le dernier voile de tissu tombe sur le sol, écarter les cuisses. Offrir à ses doigts chaque courbe, goûter à ma bouche sa langue féroce.
Cueillir sa larme du bout des doigts, oublions que nous sommes au bord de l’implosion, mélanger les sujets, le sel, les humeurs, s’abandonner sans armures, sans mots, sans raison. Etre deux, un, tout et rien à la fois, la chair et le sens, les mots et l’oubli, le frisson, la vie.