Parfois j’oublie, j’oublie que mon évidence n’est pas la vôtre.
Vous passez ici, vous lisez quelques mots, regardez quelques photos. Parfois vous les trouvez beaux. Ou bandants. Ou mouillant. Ou drôles. Je ne sais pas, je crois.
Parfois c’est obscur, et je manque à traduire simplement en mots les failles ou les doutes, le plaisir ou la joie, le désir ou la finitude.
Beaucoup m’ont demandé ces derniers jours quel était mon projet, comment j’abordais les photos et le nu des hommes, et pourquoi, et ce que je cherche ou ce que j’y trouve.
Alors je vais expliquer, un peu. Essayer. Et puis, que chacun prenne le sens qu’il veut, car s’il y a une conviction dont je ne doute jamais, et ces derniers jours de façon criante : ceci est mon blog, et j’y écris ce que je veux.
Au début de l’écriture, je voulais trouver le beau du désir. Je trouvais la littérature érotique vulgaire. La pornographie tout autant. J’avais envie de mots doux, de corps délicats, d’envie qui effleure plutôt que de double pénétration. Alors j’ai écrit ce que je ne trouvais pas. Et j’ai photographié ce que j’aime voir. Des peaux d’hommes, des corps réels, imparfaits, avec de la vraie vie dedans.
Et j’ai adoré ça.
Chaque texte écrit est traversé d’un peu de mes envies du moment, de mes fantaisies ou de mes interdits. Chaque photo est un moment d’émerveillement.
Les mots sont un voyage. Parfois déclaration d’amour, parfois cris de rage. Parfois voyage doux dans les terres du désir.
Je photographie des hommes nus. C’est mon choix. Une sorte de militantisme égalitaire à l’envers… Il y a des photos de femmes nues partout, il suffit de tourner les pages d’un magazine pour retrouver les courbes familières. Certains m’ont écrit “Mais c’est normal, les femmes sont plus photogéniques”. Je ne suis pas d’accord. L’un n’est pas plus ou moins que l’autre. C’est différent, c’est tout. Les hommes nus que j’ai photographiés, comment vous dire… Je les trouve magnifiques. Chacun m’a fait un cadeau immense, en toute confiance, en toute simplicité. Pour certains, ce fut tout naturel. Pour d’autres, ces photographies étaient avant tout un défi envers soi-même. Tous, sont infiniment beaux.
Cela fait maintenant une dizaine d’années que je partage sur le web mes explorations littéraires et photographiques. C’est ma deuxième vie, mon souffle d’air frais dans la course de l’IRL. Et je suis toujours très émue quand mes textes vous plaisent et que vous m’en faites part : cela me conforte plus encore dans l’idée que le désir est encore plus beau lorsqu’il est teinté d’autant de délicatesse que de liberté.
Je cherche le beau dans l’ordinaire. Et il y en a, des choses à explorer. La fougue dans l’étreinte d’une nuit fatiguée, l’abandon du corps dans les draps blancs, la confiance sous les yeux aimants. Nous touchons à l’intime absolu. J’y suis à l’aise, derrière mon écran. Ce n’est pas la vraie vie, n’est-ce pas ? C’est un miroir embelli, un vitrail coloré, une jolie parade à la laideur du monde.
Je photographie des corps nus et je raconte des histoires. C’est tout ce que je fais, mais je le fais du mieux que je peux.
Les mots tombés du lit : contes, nus, miroir, désir, vous.
Les photographies des hommes nus sont ici.
Oui super tes écris
Respect il faut du courage pour ce genre de photos
Continues ainsi
Décor et démo !!!!
Belle explication sur le beau, celui qui nous environne, qui nous surprend, qui nous interpelle, qui nous ramène à l’essentiel…contempler, arrêter de se plaindre, vivre,humer, voyager au quotidien, s’arrêter, respirer……et continue sa propre marche dans la quête des cailloux de l’enfance. Ces pas que nous faisons, ces traces que nous laissons, ces signes qui font sens, et marcher encore et toujours….dans cet univers enchanteur, où chaque fragment de beauté éclaire nos esprits trop souvent obscurcis par notre pragmatisme affligeant….alors laissons aller cette poésie, écrite ou shootée, à l’infini.
Merci Nora d’y participer.
Bonsoir,
J’apprécie beaucoup votre délicatesse et la manière dont vous parlez du corps des hommes. Je vous suis sur twitter et adore vos posts.
Continuez a égayer nos journées vraiment.
Bien a vous,
Gianni
Merci !