Note de l’auteure : ce matin, pour la première fois, j’ai écrit pour un journal, La Meuse en l’occurrence. C’est mon regard sur le Salon de l’Erotisme, qui a fait couler beaucoup d’encre ce week-end. Ce texte exclusif est à lire sagement dans leur version papier. Voici ci-dessous une autre version, pour le plaisir.
Ce frisson délicat qui vous parcourt quand mon regard s’attarde sur votre corps. Entre rougir et tré-saillir. Quand tout autour fourmille, mais que la seule chose que vous voyez, c’est la peau, ce petit carré, cette ombre délicate entre les seins, quand le chemisier est à peine déboutonné. C’est l’audace du sourire, quand vous approchez et pouvez sentir ma chaleur sans me toucher.
Restez là, surtout.
Je vous regarde au creux de l’âme, j’observe vos pupilles se dilater, je respire encore l’humeur de vos pores, je vous reconnais. Vous vous éloignerez un peu, je sentirai mes reins électrisés par vos doigts. Votre main discrète soutenant mon dos, au moment de franchir la porte, votre souffle dans mon cou, ce léger tremblement de votre paume contre le tissu , une caresse furtive, presque volée…
Rien n’est dit. Nous savons le désir. Plus tard.
Dans l’heure et dans l’émoi, il y a vos mots murmurés. Epanchement indécent, la voix rauque dit les envies, le pourquoi, fragile force que votre verbe et le mien, que dire de cette chair étalée partout ? Cette femme parfaite, cuisses ouvertes, grand écart sur le sol, sexe lisse brandi devant nos yeux…
Est-ce moi qui suis à ce point d’un romantisme niais que pour ne pas m’en émouvoir ? Erotisme ou art d’aimer, ce qui nourrit le désir… Je le cherche, comme je le cherche…
Je regarde mes pieds, je n’ai pas envie de croiser un visage connu, je me sens sale de traîner ici, sur un sol bétonneux dont Kristina Rose ne voudrait pas pour son ultime abandon, pornographe émouvante, souvenir fort, puissant, à la frontière de l’art et de l’indécence… Rien de ce que je vois, entends, découvre, ici.
Oh, j’aimerais partager, échanger, regarder, philosopher, lire vos mots sur le désir. Mais tel spectacle n’est pas ici.
Nous chercherons l’humour à défaut de l’élégance d’une cheville à peine entrevue, ou du souffle d’un mot libre à votre oreille
Mais je ne m’arrête point, je retrouve votre main, complicité légère, qui se fait audace, sourire et douceur, votre regard qui étincelle, au contact de mes hanches frôlant votre bassin.
Il y a foule, et la jouissance semble obligatoire.
Mon envie de vous se nourrit de chaque mot, de ces failles imprécises, de ce que vous préservez du monde, des confidences folles… Il y a l’étoffe, fine, entre votre peau et la mienne, fine mais pudique, ne pas tout dévoiler, il y a votre corps presque contre le mien désormais, il y a la soie délicate que vous devinez sous ma blouse, il y a cette jupe droite et stricte, comme d’une autre vie, et votre main qui se faufile dessous, il y a la dentelle sur la cuisse blanche, et il y la promesse du trouble, avant-même que mes lèvres n’aient effleuré votre cou, avant même que ma main n’ait caressé votre ventre, avant même que ma peau n’ait pris votre odeur.
Loin d’ici, je vous emmènerai, oh oui, voyage des papillons, absolue générosité, accident ou percussion, je vous emmènerai là où marchent les loups, là où la peau parle lorsqu’il n’y a plus de mots. Au bord de l’eau, je vous embrasserai. Rien de plus. Corps contre corps, dans le froid de février, à la nuit tombée, mes seins contre votre torse, mes fesses entre vos mains, mon ventre contre votre sexe, je vous embrasserai à pleine bouche, comme on respire en remontant à la surface, comme on danse sous la pluie, comme on murmure un sourire … Et ce sera foutrement excitant.