Il fallait bien que ça sorte un jour.
Il y a 30 ans, un garçon de 3 ans mon aîné m’a forcé à lui faire une fellation. J’avais 11 ans et demi, j’étais un peu amoureuse de son côté mystérieux et mauvais garçon, de sa sale gueule. C’était la fin de l’année scolaire.J’ai dit non, plusieurs fois. Je n’ai pas voulu coucher avec lui. Alors il m’a menacée en riant, me fourrant son sexe dans la bouche. Il était deux fois plus fort que moi.
Je n’ai rien dit à ma mère, rien expliqué.Je l’ai couvert par mon silence. J’ai juste demandé à changer d’école. Ce que j’ai fait. Pendant deux ans, j’ai fréquenté une école à 40 km de ma maison, en prenant le car tous les jours.
Au bout de deux ans, j’avais presque quatorze ans, je pensais que ma peur panique de ce garçon était plus facile à gérer que le trajet en car l’antipathie de l’établissement scolaire de façon générale et l’obligation d’apprendre l’allemand. J’ai demandé à retourner dans mon ancienne école, espérant que peut-être, l’individu, le mauvais garçon qui fumait et buvait comme un trou à 14 ans, qui crevait les pneus de la prof de math, était parti ou avait changé ou s’était enfui loin très loin ou avait été démasqué. Un miracle, un peu de magie, une licorne.
Oui, on pense encore un peu comme ça, à 14 ans.
Quand je suis arrivée dans mon ancienne école, j’ai retrouvé mes camarades de classe. Rien n’avait changé. Les gentils étaient devenus plus gentils et les méchants plus méchants. Et le vilain était dans ma classe. Et le lien de pouvoir qu’il avait sur moi m’a rendue muette et silencieuse. Quand il s’asseyait près de moi je voulais fuir. Je ne disais rien. Jamais. Il se tailladait les bras au cutter, cela me dégoûtait.
Après mes études secondaires, je suis partie dans une autre ville. Le vilain a fait plusieurs tentatives de suicide. J’ai même été le voir à l’hôpital, je suis aujourd’hui encore incapable d’expliquer pourquoi.
Le temps passant, je l’ai perdu de vue. J’ai appris qu’il était devenu policier. J’en ai parlé, une fois, dans une histoire. Un tweet avait suscité une amorce de réaction. Sortir du silence. Juste un peu.
Aujourd’hui, j’ai découvert qu’il avait retrouvé ma trace, sur Facebook. Et, il me propose, presque l’air de rien, d’aller prendre un café à mon retour.
Et là, dans les rues de Montréal, sous le soleil glacial de ce jour d’avril, pour la première fois, et du fond de mes tripes ‘à la pointe de mes doigts, je suis en colère.
Une preuve de plus que malgré les différents tests psycho etc … tous les flics ne sont pas justes ! J’en deux qui battent leurs femmes.
Colère légitime. Il est et restera l’agresseur et vous la victime. Juste quelques mots, tout mon soutien.
Suis ébranlée par votre texte, et celui mentionné ici, aussi. Pas que le texte, bien sûr, l’histoire. Votre histoire!
A votre retour nous élaborerons une vengeance délicieuse et maléfique, si vous le souhaitez. Mais je vous y exhorte.
Doux baisers ma chère.