J’ai la chair tendre des étés trop sucrés, les rêves bleus de tes heures gourmandes, l’appétit de tes doigts longs dans mon corps tiédi par l’air du soir. Ta main posée sur ma hanche. Ton doigt caresse le creux léger, entre le renflement de mon sexe et l’arrondi de ma cuisse. Je te provoque gentiment, j’ai échangé mes mots polis contre des audaces moins ampoulées.
Alors je dis « Baise-moi. »
Tu sursautes. Tu attendais un soupir, voire un léger gémissement. C’est vrai, nous sommes cultivés, politiquement corrects, soucieux de préserver nos façades respectives… Le mot « baise » n’a jamais eu droit de cité dans nos ébats. Tu as toujours fait l’amour très poliment. Et moi je veux voir l’autre toi. Je veux que la bête se réveille, que tes dents soient des crocs sur mon épaules, je veux que ta langue soit avide, tes mains fermes et rudes.
Alors je dis « Baise-moi ».
Tu me regardes par en-dessous… Tu n’es pas certain d’avoir bien compris ? Qu’à cela ne tienne, j’écarte les cuisses, et guide ta main entre mes jambes. Tu sens la chair, humide, les lèvres gonflées. Je prends ton sexe, je le caresse. Mes doigts se font agiles, décidés, explorateurs intrépides des ombres inconnues de ton ventre, de tes fesses, de tes cuisses. Ton sexe raidi, tu regardes ma bouche avec insistance… Non, Babe, pas ce soir. Ce soir, sur cette terrasse urbaine, protégés du monde mais la peau à l’air libre, c’est ton sexe dans le mien, sans fioritures autour, sans autre intention que la jouissance brutale, la mécanique des fluides, la satisfaction immédiate, le désir.
Alors je dis « Baise-moi ».
Alors tu me baises, comme un soir sans amour, tu harponnes mon ventre, t’agrippes à mes hanches, et tu me pénètres sans autre forme de procès, tes cuisses claquent contre mes fesses, tu fermes les yeux, tes doigts me griffent, tes cheveux dans mon cou échauffent mes sens, mes seins s’électrisent à chacun de tes mouvements, je veux te sentir plus loin encore, comme si tu buvais à mon corps ton ardeur retrouvée, nos peaux collent, je sens le plaisir électrifier mon ventre, emporter mon sexe et ma voix, mes jambes tremblent, et je jouis,vite, fort, sauvage, au moment précis où ton sexe exulte le sel de notre ivresse.
Alors je dis « Baise-moi encore. »
Merci Ian !
Très beau texte, Nora, l'équilibre parfait entre la subtilité et la vulgarité.
Merci.
magnifique, l'amour et le désir à l'état pur