A soi

Je voudrais qu’il m’habite.



Que son sexe s’installe dans mon ventre, que ses peurs se déposent au pied du lit. Que mon ventre apaise les larmes, que ma peau nourrisse la jouissance audacieuse, et que nos fantaisies se rencontrent encore dans l’espace incertain, découverte permanente des êtres en mouvances. Que sa vie caresse la mienne, rencontre en joie, émoi léger et fort, partage de l’intense liberté, dermes qui parlent mieux que les mots. Les reins qui cherchent, les corps qui s’abandonnent et sont, au-delà de l’image connue, vers une création éphémère, danse sans codes, source de vie. Qu’il se joue des apparences et des déséquilibres pour recréer le beau, enfin, total, absolu, jouissance de l’âme et des corps, renaissance, ici, maintenant et après. Que dans cet espace ténu, entre nos sexes et nos vies, il me donne et prenne de moi tout, le pire et le meilleur, le salé et le miel, pour un instant ou pour six vies. Qu’à chaque pas qu’il fait vers moi, je puisse lui partager mes peurs et mes seins, et qu’il me prête ses rêves et ses mains. Et que dans les mots étirés, dans les soupirs de l’extase, dans l’ordinaire illuminé, dans les audaces ou la confidence, surtout, qu’il reste lui, et que je reste moi.


Et dans l’instant fragile, après l’aveu, ou dans la jouissance, que chacun de nous, librement, décide de ne surtout pas bouger.