A la nuit, tu sais, quand le corps oublie plus vite que l’émoi,
Alors je libère la louve, la pulsion de vie, l’appel du ventre,
Nomme mon amour comme il te plaira,
Nommer le désir lui donne corps, mon corps,
Mes sursauts sages et pourtant l’envie, à ton sexe rétréci, à tes fesses indécentes, ta bouche indolente.
Il y a la fougue, il y a l’été, et ta peau contre la mienne. Pas encore, non, pas trop vite.
D’abord ma chair dans tes yeux, plantureux arrondis où s’évadent tes pupilles diluées de sel.
Alors tu viens, encore, plus près, tu prends dans tes doigts mon ventre, cherche la chaleur, l’éclat indécent dans mon regard quand tes paumes écrasent mes hanches.
Je suis dans la lumière du contrejour, je mange des yeux ton épaule, ton ventre, ta peau.
Tu m’abandonne l’interdit, les corps flottants d’entre-deux vies, alors j’apprends.
J’apprends le sexe des hommes en goûtant la couleur et le relief, comme un livre en braille ou une cicatrice, j’apprends le désir en portant haut l’audace, des lieux et des appétits, je me régale de la vie comme des petites morts , dans un souffle, un murmure, un sourire qui dit encore et un présent qui se conjugue au sel entre mes cuisses, à la moiteur entre nos ventres, cette humidité qui glisse entre mes fesses, sueurs aux saveurs de jouissances.
J’apprends à ton épaule la force et l’émotion, mes dents, trace et chair, et les seins qui se tendent, cambrée, j’apprends à tes bras, appui de fortune sur le lit, contre le mur, ou dans le bois, et ta main qui s’accroche, et ta bouche qui murmure, dis-moi encore, je serai sauvage ou douce, dis-moi encore, j’oublierai qui tu es, dis-moi encore tes silences éloquents, ces gémissements rauques quand ton corps exulte.
Quand tu plaques tes cuisses sous les miennes,
Quand mes pieds s’accrochent autour de tes reins,
Quand ton sexe m’emplit autant que ton souffle,
regarde-moi.
C’est là que tu verras mon âme.
Et qu’ y voit on Nora à ce moment précis ?